Les cryptomonnaies et l’écologie : quel coût pour la planète ?
Après avoir annoncé en mars l’adoption du Bitcoin en tant que moyen de paiement au sein du groupe Tesla et investi près de 1,5 milliard USD dans cette monnaie virtuelle, Elon Musk, le fantasque multimilliardaire américain vient de se rétracter. En effet, moins de 2 mois après sa première annonce, il a déclaré le 12 mai dernier sur Twitter la suspension du paiement en Bitcoin jusqu’à nouvel ordre. Sa principale raison : la monnaie numérique serait trop polluante, dont la consommation électrique totale équivaut à celle d’une ville comme Hong Kong. Pourtant, certains spécialistes affirment que la consommation énergétique du minage de cette monnaie virtuelle et des autres cryptomonnaies est relativement négligeable. D’ailleurs, nombreux pensent que la démocratisation de ces dernières pourrait bien favoriser la transition énergétique. Alors, quel est réellement l’impact écologique des cryptomonnaies ? Démêlons le vrai du faux dans ce dossier.
Quelle quantité d’énergie consomment la blockchain et les cryptomonnaies ?
Comme vous le savez sans doute déjà, le bitcoin et les cryptomonnaies en général se base sur la technologie de blockchain. Ainsi, les monnaies virtuelles n’ont donc pas besoin d’autorité de contrôle et sont entièrement décentralisées. De fait, des algorithmes de consensus distribués, des réseaux peer to peer et la cryptographie permettent d’enregistrer de manière sûre et hautement sécurisée dans la chaine de bloc tous les échanges d’information horodatés du réseau comme les transactions. Évidemment, comme n’importe quelle technologie, la blockchain est consommatrice d’énergie. Mais, la quantité d’énergie consommée dépend du type de blockchain. Dans les faits, les technologies de blockchain peuvent être classées en 3 catégories. À savoir : la technologie de blockchain publique, de consortium et privée.
Comme la technologie de blockchain est open source et que tout le monde peut participer au réseau, elle nécessite plus de sécurité et de recouvrir à des algorithmes de consensus spécifiques que l’on appelle le « proof-of-work » ou preuve par le travail. C’est l’algorithme qu’utilise Bitcoin et Ethereum, le numéro 1 et le numéro 2 mondial en matière de capitalisation. Le proof of work est une activité qui consiste à faire reconnaître aux participants les données et transactions qui circulent au sein du réseau. Pour la plateforme Bitcoin, les personnes chargées de garantir la validité des transactions réalisées sur la blockchain s’appellent les mineurs. Et c’est justement, l’activité de ces derniers qui est au cœur du débat.
De fait, pour résoudre les casse-têtes mathématiques qui leur sont posés afin de garantir la sécurité du réseau et surtout empocher la récompense, les mineurs utilisent des matériels très sophistiqués et qui consomment une quantité importante d’électricité bien que les nouvelles machines tant aujourd’hui à consommer moins d’électricité. N’oublions pas non plus que la plupart de ces derniers consomment également de l’énergie pour refroidir leurs installations. Et avec le prix du bitcoin qui monte en crescendo, on ne va pas se leurrer les mineurs tournent à plein régime. D’ailleurs, il existe aujourd’hui de nombreuses fermes numériques où de nombreuses machines sont branchés en série pour tenter de résoudre les complexes équations posés.
Mais alors, quelle quantité d’énergie exactement ? De manière estimative, le réseau bitcoin aurait une consommation électrique entre 30 et 80 TWh par an avec une empreinte carbone estimée entre 15 à 40 MtCO2-eq. En ce qui concerne le minage de la cryptomonnaie, il produirait du gaz à effet de serre équivalent à celui de l’or, la platine, du cuivre et l’aluminium.
Les cryptomonnaies : bientôt un allié des énergies renouvelables
Malgré ces chiffres et les polémiques autour des cryptomonnaies et plus particulièrement du bitcoin, il est important de noter que près de 76 % des mineurs utilisent de l’énergie hydroélectrique. Les mineurs du bitcoin consacrent en moyenne 39 % d’énergies renouvelables dans leur consommation. En outre, les fermes de minage de leur côté ne cessent de redoubler d’efforts pour favoriser les systèmes énergétiques basés sur les sources vertes. En ce sens, on peut dire que la blockchain participe de manière indirecte au projet de production d’électricité renouvelable.
Des crytomonnaies moins gourmandes en énergie
Pour contourner le problème de la consommation énergétique élevée, de nombreuses plateformes proposent aujourd’hui de faire évoluer leur technologie. Ainsi, plutôt que de faire reposer la sécurité de leur technologie blockchain sur la preuve de travail qui consomme beaucoup d’énergie, elles optent pour un autre algorithme de consensus. Celle que l’on appelle le proof-of-Stake ou la preuve d’enjeu en Français. Il s’agit concrètement de demander à des utilisateurs choisis au hasard de prouver leur participation à la crypto-monnaie pour pouvoir valider des blocs. De nombreux Altcoin ont déjà mis en place ce nouveau procédé de validation. Pour ne citer que la plateforme open source Tezos, créateur du la monnaie virtuelle Tez ou encore Polkadot.
La plateforme Ethereum qui gère l’Ether, la deuxième crypto mondiale est également en train de suivre le mouvement. Dans les prochains mois, la plateforme devrait basculer sa blockchain basée sur la preuve de travail à une preuve d’enjeu. Lorsque ce passage sera effectif, la monnaie sera renommée The Merge. En adoptant ce nouveau procédé de validation, Ethereum espère ainsi faire baisser la consommation d’énergie de 99 %. Un chiffre évidemment approximatif de la future consommation d’énergie future d’Ethereum.
Conclusion
Alors, oui, on ne va pas se mentir, les cryptomonnaies et plus particulièrement le bitcoin ont des impacts écologiques réels. Toutefois, comme nous l’avons mentionné plusieurs initiatives sont aujourd’hui lancées pour les réduire au maximum. En témoigne, les mineurs qui privilégient de plus en plus les ressources vertes dans leur activité. Mais, ce n’est pas tout ! Il existe aujourd’hui de nouvelles crypto qui mettent l’écologie au cœur de leur projet. Toutes ces démarches montrent que la crytosphère entame progressivement un virage vers des monnaies virtuelles moins polluantes et plus soucieuses de la planète.